Bonjour,
Ce 20 Octobre, Ubuntu aura 20 ans ! C’est l’occasion de parler de cette distribution qui est devenue au fil de l’eau, une distribution incontournable et l’une des plus populaires, si ce n’est la plus populaire !
Celle-ci a été créée en 2004 par Mark Shuttleworth, tout comme Canonical (la société derrière Ubuntu).
Le premier « bug » qui a été fait sur le projet date du 20 Août 2004. Il met en avant le fait que Microsoft (avec Windows) a une part de marché écrasante côté PC et qu’il est difficile d’acheter un ordinateur dans un magasin sans Windows préinstallé (ce qui n’a pas vraiment changé…). L’objectif est donc de changer cela.
Pour atteindre ce but, il faut donc rendre son utilisation le plus accessible possible pour le grand public. Ubuntu est basé sur Debian qui est reconnue comme une distribution stable et robuste mais qui n’est pas forcément la plus accessible. A noter qu’Ubuntu se base plus exactement sur la branche Unstable « sid » de Debian.
La première version d’Ubuntu est la 4.10, sortie le 20 Octobre 2004. Il était alors possible d’avoir celle-ci gratuitement sur CD :
Merci à
Mgerard pour cette image mise à disposition sur Wikipédia
L’image de la pochette représente à la fois le côté humain que l’on retrouve dans le terme Ubuntu utilisé notamment en Afrique du Sud ainsi que logo de la distribution que l’on voit sur le support CD. On peut aussi noter qu’il y a deux CD, l’un pour tester (Live CD) et l’autre pour l’installation (Install CD).
Maintenant, regardons un peu le contenu !
Tout d’abord, voici l’écran de chargement qui était la première chose que l’on pouvait voir :
Avant d’arriver sur le bureau :
Nous avions alors un Gnome 2.8.1 et un noyau Linux 2.6.7 :
Le système en liveCD consommait un peu moins de 100Mo de RAM :
Comme tout système, on y retrouve les outils de base comme le gestionnaire de fichiers (Nautilus) en version 2.8.1 :
Ainsi que le Terminal :
Ou encore la calculatrice et éditeur de texte (Gedit) :
Et comme aujourd’hui, Ubuntu embarquait tout un tas d’outils préinstallés pour faire de la bureautique et multimédia. En commençant par Firefox dans sa version 0.9.3 et qui permettait déjà la navigation par onglet :
On y trouve une suite bureautique qui est OpenOffice en version 1.1 :
Ainsi que GIMP en version 2.0.2 :
Et des outils pour la lecture de musique ou vidéo :
Pour installer / désinstaller des logiciels ou faire les mises à jour en graphique, il fallait alors passer par Synaptic :
Si aujourd’hui, cela peut paraître plutôt rudimentaire, pour l’époque on avait déjà une très bonne base pour tout faire en graphique.
Une seconde version arrive 6 mois plus tard avec la 5.04 (Avril 2005). Elle va intégrer les outils update-manager et upgrade-notifier pour mieux gérer les mises à jour :
Ainsi que la première variante officielle Kubuntu qui est fournie avec l’environnement de bureau KDE :
Cette version va susciter pas mal d’intérêt et Ubuntu va prendre la tête du classement sur Distrowatch qui était jusque là occupée par Mandriva (Mandrake Linux) :
Arrive ensuite la version 6.06 (Juin 2006) qui est la première version LTS (Long Term Support) ! Nous en avions déjà parlé ici avec Kubuntu 6.06 LTS. Cette version a introduit une nouvelle variante Xubuntu (Ubuntu avec Xfce), Ubiquity qui est l’outil d’installation d’Ubuntu et qui va permettre de l’installer directement depuis le liveCD, ce qui est une petite révolution !
Avec la version 7.10 arrive apturl, ce qui permet d’installer un paquet (se trouvant dans les dépôts) via un lien sur une page web. Cela est notamment utilisé dans la documentation de Ubuntu-fr.
En 2007 et 2008, les premières ventes d’ordinateur Dell préinstallés avec Ubuntu sont annoncées et la Gendarmerie Française annonce l’abandon de Microsoft Windows au profit d’Ubuntu, ce qui donnera naissance à une version spécifique nommée GendBuntu.
En 2008, c’est aussi l’arrivée de la seconde LTS avec la 8.04. De nouveaux outils pour l’installation des logiciels et des mises à jour sont alors introduits :
Sont également ajoutés des outils pour gérer les drivers propriétaires (Nvidia) ainsi que les imprimantes :
A partir de là, nous listerons uniquement les changements entre deux LTS.
Pour la 10.04, un nouveau thème « Ambiance » est utilisé et la logithèque a été retravaillée :
Ext4 est désormais proposé et utilisé par défaut. Autre nouveauté sympathique, le gestionnaire de fichiers permet la navigation par onglets :
A noter également qu’il est possible d’éjecter un périphérique externe (disque dur ou clé USB) directement depuis le gestionnaire de fichiers.
C’est aussi avec cette version qu’est lancé le service Ubuntu One (service fermé aujourd’hui) qui permettait de faire une sauvegarde de fichiers, contacts, favoris pour les synchroniser sur d’autres machines :
En 2011, Lubuntu arrive comme variante officielle avec la 11.10 mais c’est le virage effectué par Canonical avec la version 11.04 qui va marquer les esprits.
En effet, celle-ci va arriver avec Unity, un environnement de bureau fait maison qui a été introduit dans la version LTS 12.04 l’année d’après :
Si cela offre une interface nouvelle et moderne, les critiques négatives ne vont pas manquer à son encontre. D’ailleurs certains utilisateurs sont passés sur une autre saveur d’Ubuntu ou ont carrément changé de distribution. Pour ma part, si j’avais trouvé cela sympa au premier abord, j’avais trouvé l’ensemble très lourd sur mes machines de l’époque, ce qui m’avait poussé à regarder du côté de Xubuntu puis de Linux Mint. Une autre des grandes critiques, c’était sa portabilité en dehors d’Ubuntu qui était très compliquée, pour ne pas dire impossible.
En plus du bureau pour ordinateur, Canonical imagine Unity sur tout type de support dont les smartphones ce qui a fait naître le projet Ubuntu Touch abandonné depuis et repris par la communauté sous le nom de UBports.
Peu de temps après, Ubuntu va de nouveau attirer les foudres en introduisant Amazon directement dans l’interface d’Unity. Bien qu’il ait été annoncé que cela soit désactivable, cela a n’a guère été apprécié et pour des questions de vie privée.
Ci-dessous la version LTS 14.04 où on peut voir le logo Amazon dans le panneau à gauche :
Il a fallu attendre la version la version 16.04 LTS pour que cela soit définitivement retiré. En 2017, un retour vers Gnome a été fait, ce qui fait que la 17.04 (non LTS) a été la dernière version d’Ubuntu avec Unity :
La LTS 18.04 a donc été la première à reprendre Gnome après le passage à Unity et on a pu voir ce que cela donnait ici :
Ce retour à Gnome fut globalement apprécié. Unity, bien qu’abandonné par Ubuntu, a continué d’exister et une variante officielle est présente depuis 2022.
Après ce retour à Gnome, Ubuntu va continuer avec cet environnement. La 20.04 LTS va arriver avec un nouveau thème Yaru :
Elle va aussi mettre en avant un autre de leurs projets, les paquets snap ! En effet, la logithèque a été modifiée et Chromium, qui a été suivi de Firefox (avec la 22.04 LTS) et Thunderbird (avec la 24.04 LTS), ne sont disponibles que dans ces formats là et une redirection est faite côté APT pour installer le snap. Bien entendu, d’autres logiciels sont disponibles en snap comme GIMP par exemple. Ceci dit, le paquet traditionnel deb reste présent.
Si cela a eu une réception mitigée (et même plutôt négative), il y a une certaine logique à cela : ce sont des paquets universels et il est possible d’avoir des logiciels en ligne de commandes contrairement aux flatpak, ce qui est intéressant pour la partie serveur qui est proposée par Ubuntu et utilisée par de nombreuses personnes/entreprises.
La version 22.04 LTS va apporter un rafraîchissement du thème Yaru, Wayland par défaut (sauf si Nvidia ou utilisation en LiveISO) et Firefox est livré en snap par défaut :
Aujourd’hui, dans sa dernière LTS publiée, la 24.04, Ubuntu est toujours sur Gnome. L’accessibilité y est mise en avant et la logithèque a changé pour passer sur le Snap-Store :
Cette nouvelle logithèque met en avant le format snap, bien qu’il reste possible d’installer les paquets deb (issus des dépôts) en faisant la sélection manuellement lors de la recherche (image de gauche ci-dessous). Aussi, si au début, les paquets deb téléchargés depuis un site externe n’étaient pas pris en charge, cela a été corrigé et il est possible de les installer depuis le Snap-Store (un avertissement est affiché pour prévenir des risques) :
A noter que la version 24.10 (non LTS) vient tout juste de sortir et si vous voulez en savoir plus sur cette version, je vous invite à regarder la vidéo ci-dessous d’Adrien LinuxTricks :
https://youtu.be/mIFVyXviuI0
On peut voir que tout n’a pas été un long fleuve tranquille au fil des années… Cependant, Ubuntu a énormément amélioré la prise en charge du matériel et c’est un point très important qui a aidé à sa popularité ! Aujourd’hui, à part avec du matériel hyper récent et/ou très spécifique, il est très rare d’avoir un périphérique non reconnu. D’ailleurs, Ubuntu est l’une des seules distributions à installer nativement les pilotes Nvidia avec le Secure boot activé, constat fait côté Gaming Linux FR après des tests faits sur plusieurs distributions (lien Google Sheet).
Pour finir et conclure, on peut aimer ou non Ubuntu (et les choix qui vont avec) mais de mon point de vue, ça reste une référence et valeur sûre pour débuter sur Linux, même si d’autres alternatives existent.
En espérant que cette revue vous aura plu ! J’ai forcément oublié des choses… Résumer 20 ans d’évolution dans un seul article, c’est plutôt compliqué 
Sources et remerciements :
Afin de réaliser cet article, je me suis inspiré de ce qui est écrit sur la page Française de Wikipédia sur Ubuntu ainsi qu’aux notes de versions publiées sur Ubuntu-fr.
En plus de cela, je me suis aidé des images ISO mises à disposition par Ubuntu que j’ai lancées dans des machines virtuelles afin de vérifier le contenu et faire les captures d’écran pour les intégrer à l’article.
Un grand merci aux personnes qui ont travaillé sur ces ressources !
https://tugaleres.com/2024/10/11/ubuntu-a-20-ans-%f0%9f%8e%89-%f0%9f%8e%82-et-si-on-revenait-a-ses-debuts/